Archéo-08
est un organisme sans but lucratif mis sur pied en
1985 par des citoyens de
l'Abitibi-Témiscamingue afin de
développer la recherche archéologique
de leur région.
Le
mandat central d'Archéo-08 consiste à
organiser et réaliser un plan de recherches
archéologiques à long terme
intégrant toutes les phases de celles-ci:
planification, inventaire, fouilles, analyses,
publications, diffusion et mise en valeur. La
Corporation agit aussi à titre d'experte
conseil auprès des divers corps publics de
l'Abitibi-Témiscamingue qui lui en font la
demande. Elle oeuvre également au niveau de
la prévention et de la conservation des
ressources archéologiques ainsi qu'à
titre d'informateur privilégié en cas
de découvertes fortuites par les
propriétaires de terres privées.
Lorsque cet
organisme commence ses activités
sur le terrain, en 1986, environ 130 sites
archéologiques sont connus sur le territoire
de l'Abitibi-Témiscamingue. Quelques-uns
avaient été investigués par le
Dr Roger Marois, du Musée
canadien des
civilisations, au début des années
1970. Cependant, aucune donnée se rapportant à ces
travaux n'avait été
publiée.
Depuis
1987, près de 200 nouveaux sites
archéologiques ont été
découverts. Les occupations humaines s'y
échelonnent entre le début du XlXe
siècle et le sixième
millénaire avant Jésus-Christ. La
plupart de ces sites sont intacts. Depuis 1988,
après six saisons de fouilles
effectuées sur six sites différents,
une collection "artéfactuelle"
considérable a été
constituée. En effet, plus de 500 000
artéfacts et témoins
archéologiques ont été
localisés et enregistrés. A ceux-ci
s'ajoute la très riche collection Roger
Marois que le Musée des Civilisations du
Canada a confié à
Archéo-08.
Au chapitre de la mise en valeur, outre
de nombreuses publications destinées à
des publics variés (revues scientifiques,
monographies, recueils de textes, textes de
vulgarisation), la corporation Archéo-08 a
monté, conjointement avec la
Société algonquine Matcite8eia et le
Centre d'exposition de la Ville d'Amos, une
exposition itinérante inlitulée Abitibiwinni
6 000 ans
d'histoire.
Le site actuellement considéré comme
le plus ancien lieu d'occupation humaine de la
région, le site Ramsay, se trouve à
50 kilomètres à vol d'oiseau au
nord-est de Rouyn-Noranda, dans la
municipalité de Taschereau, sur les rives
escarpées du lac Robertson. On y a
découvert que des groupes de chasseurs
nomades fréquentaient les berges de
ce
qui était alors les rives du lac "Ancêtre"
Abitibi. Le niveau des eaux était alors de
quatre à cinq mètres supérieur
à son niveau actuel. Il
couvrait environ 50 % de la superficie de la
ceinture d'argile de l'Abitibi. Cette occupation
remonterait à 7 000 ou 8 000 ans,
soit plus de trois millénaires avant la
construction de la pyramide de Khéops, en
Égypte. Pas mal pour une jeune
région, non?
À partir de cette période,
l'occupation humaine de
l'Abitibi-Témiscamingue ne connaît pas
d'interruption. Au contraire, elle n'a cessé
de foisonner dans une diversité de
manifestations qui étonne encore.
Traditionnellement,
les modèles
décrivant les sociétés
amérindiennes du Bouclier canadien
suggéraient des sociétés
économiquement et socialement autarciques.
Les études récentes
révèlent plutôt des groupes
humains mobiles, ouverts aux idées nouvelles
et très perméables aux innovations et
aux améliorations technologiques. Ils
étaient directement ou indirectement en
contact avec des groupes culturels
différents, souvent situés à
de très grandes distances de leurs
territoires. À ce titre, il convient de
mentionner les contacts politiques et
économiques très étroits qui
liaient les ancêtres des Algonquins actuels
aux ancêtres des Hurons de la baie
Georgienne. Ces interactions sont à
l'origine du réseau de traite que nos
ancêtres français rétabliront
après la destruction de la Huronnie
historique, vers 1650.